Le copieur a été une innovation technique importante qui n’a pu se développer que parceque le modèle économique a été modifié. Proposé à la vente, les machines ne se sont pas vendues, c’est en changeant la façon de tirer le revenu que cette innovation s’est généralisée.
Au point de départ, il s’agit bien d’une innovation produit, le photocopieur. Cependant, bien qu’apportant une innovation radicale dans son domaine, la pénétration du produit sur le marché butait sur le montant de l’investissement requis qui était trop important aux yeux des clients.
L’innovation a ici consisté à changer la mécanique d’établissement du prix en passant d’un logique d’investissement à un paiement à l’usage (ici à la copie). Xerox a mis à disposition gratuitement les machines dans les entreprises et facturait tous les mois les copies réalisées.
Il s’agit bien d’innovation de modèle économique (l’innovation produit pourtant bien réelle n’a pas suffi pour créer le marché) et en particulier dans la façon d’articuler un revenu.
Ce changement a des impacts lourds sur la façon de produire la machine et le service. Puisque c’est Xerox qui reste propriétaire des machines, l’entreprise à plus intérêt à concevoir des produits dont la durée de vie est la plus longue (ce qui contredit certains principes économiques liés à l’obsolescence organisée par les producteurs).
Ces modèles de paiement à l’usage se sont ensuite généralisés à d’autres secteurs, jusqu’à toucher les consommables comme les pneumatiques, Michelin facturant aujourd’hui ses produits au nombre de kilomètres parcourus.