Les écosystèmes d’innovation représentent une tendance majeure dans les stratégies de compétitivité des différents Etats, villes, et régions du monde. Tour d’horizon des principales initiatives asiatiques.
Les écosystèmes d’innovation : un moyen de différenciation et d’attraction pour les villes
Il suffit de rechercher dans Google « Ville + Startup » pour se rendre compte que de Miami à Berlin, en passant par Nairobi ou Singapour, tous revendiquent pouvoir être une Silicon Valley locale.
L’enjeu est important : au moment où les Etats semblent être de moins en moins en mesure de gérer les principaux problèmes de nos sociétés (endettement et déséquilibre des modèles de l’Etat-Providence, plus grande autonomie d’individus de plus en plus libérés des contraintes de la famille, du travail, disruptions de l’économie et du politique par des organisations en réseau, etc), les villes reprennent l’initiative, à la manière des Républiques maritimes de Venise ou Gênes des siècles passés.
C’est l’économie de la connaissance qui intéresse le plus les concepteurs, créateurs et « encapaciteurs » d’écosystèmes.
Les startups – dont le principe fondamental est l’économie d’échelle, ou scalability en V.O – reposent sur la gestion de l’information, et la valorisation de services à forte valeur ajoutée technologique. Si la Silicon Valley reste le modèle évident d’un écosystème d’innovation réussi, les autres régions du monde s’y mettent également.
L’Asie demeure, à ce sujet, un territoire aux pratiques extrêmement variées.
La Chine, qui créé actuellement le plus grand nombre de makerspace au monde (cf. Chris Anderson, « Makers, The New Industrial Revolution », note de lecture en anglais ici), est aussi le pays où il y a le plus d’ingénieurs iOs (500 000, contre 300 000 aux Etats-Unis). Pékin est réputé pour être un écosystème capable de produire des ingénieurs de qualité.
L’Inde, de son côté, a déjà de belles success stories, notamment avec des ingénieurs qui, dotés de MBA parmi les plus côtés aux monde (Hyderabad Institute of Management), trustent les postes de CTO de grandes entreprise technologiques américaines. Sun Microsystems a été fondé par Vinod Khosla, désormais investisseur majeur dans les cleantech, et Google vient de nommer Sundar Pichai comme responsable des divisions Android, Chrome, et Apps.
Les autres pays, plus petits en taille, ne sont pas forcément plus silencieux. Singapour a investi massivement dans son écosystème de startup, avec des financements, des bureaux et des personnels qualifiés de qualité, mais ne trouve pas encore sa « belle histoire » qui la mettra sur le devant de la scène. Hong-Kong s’y met également, et, dans ces deux métropoles cosmopolites (il y a plus de 30% d’étrangers dans la population résident à Singapour),
A Singapore, un coworking space ouvre chaque mois, signe que les jeunes générations, malgré une culture asiatique peu tolérante face à l’échec ou aux carrières hors des grands métiers (banque, médecine, loi), souhaitent un autre modèle.
Les autres capitales du Sud-Est asiatiques sont encore à des stades primaires de développement de leurs écosystèmes, mais les changements sont rapides. D’une part, car les investisseurs américains et japonais ont compris l’intérêt de ce marché qui croit rapidement (les Philippines ont une croissance supérieure à la Chine).
Dave McClure, le célèbre investisseur « early stage » américain, a créé un « Durian Fund » (en référence au Durian, un fruit dont les Malaysiens et Singapouriens raffolent) doté de 10 millions de dollars.
Geeks on a Plane est le nom du programme « d’échange et d’investissement » de Dave Mc Clure dans les pays émergents, notamment en Asie du Sud-Est
Le japonais Rakuten, spécialiste de l’e-commerce, investit à tour de bras dans des projets locaux. Les Allemands sont également présents par le biais de Rocket Internet, ce fonds d’investissement qui « clone » les modèles à succès de l’Occident dans les pays Asiatiques, Orientaux, et en Amérique Latine.
C’est donc une région en pleine ébullition, qui malgré les écueils d’une culture pas toujours aventureuse et de langues locales encore très enracinées (et franchement compliquées: le vietnamien comprend 6 tons, soit 2 de plus que le Chinois, langue déjà réputée difficile), se développe. La croissance de la population (250 millions d’Indonésiens, 90 millions de Philippins et de Vietnamiens, sans parler des 170 millions de Pakistanais ou des 150 millions de Bangladeshi) est également qualitative, avec 1,5 millions de personnes en plus dans la classe moyenne indonésienne chaque année.
Les « messenging apps » de Chine et de Corée ont déjà réussi à conquérir le monde, gageons que les prochains services que nous utiliserons seront eux aussi d’origine asiatique.