Olivier Faron est administrateur général du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), il a participé à Open Experience #3 sur l’éducation et nous présente ici les enjeux des nouvelles formes d’enseignement pour le CNAM.
Quelles sont les motivations du CNAM pour réaliser des MOOCs ?
Le CNAM est présent dans l’enseignement et la formation depuis plusieurs siècles. Aujourd’hui nous sommes un acteur majeur de la formation à distance et sommes actifs sur tout le territoire avec notre trentaine de centres. La question de l’enseignement et de la pédagogie font donc partie de notre ADN et il nous semblait naturel de nous intéresser aux MOOCs, en tant que dispositif pédagogique.
Egalement, la question des MOOCs s’inscrit plus globalement dans notre stratégie numérique pour laquelle nous mobilisons d’importantes ressources et qui nous permettra de maintenir notre position de leadership dans la formation professionnelle.
Enfin, c’est une façon de répondre aux attentes de notre public en France et dans les pays francophones.
Quelles sont vos réalisations et qu’en avez-vous conclu ?
Nous avons réalisé 4 MOOCs qui sont disponibles sur la plateforme FUN mise en place par l’état. Dans tous les cas, ces MOOCs ont été le fruit de rencontres entre d’une part des envies de collègues et d’autres part des attentes du public.
Ces 4 réalisations sont très différentes dans leur contenu, leur pédagogie et leur audience. Elles nous ont permis de faire un test grandeur nature de notre plateforme technique et on a pu mesurer l’intérêt des MOOCs en termes d’attractivité vers nos autres dispositifs. Egalement, et cela n’était pas anticipé, on voit se dessiner une activité qu’on n’imaginait pas, adapter pour d’autres des contenu vers des formats MOOCs.
Le MOOC « De manager à Leader » est celui qui a remporté le plus de succès, nous avons eu environ 40 000 inscrits avec un taux d’assiduité de 20%, ce qui est dans les normes de ce que l’on voit sur d’autres initiatives. Le MOOC sur l’épidémiologie a attiré 50% de son public hors de France, principalement en Afrique de l’Ouest francophone.
Il y a 4 dimensions dans les MOOCs : le contenu, la plateforme technique, la mise en scène pédagogique et la communauté d’apprenants. Le contenu, c’est plutôt notre force et aujourd’hui la plateforme technique n’est plus un élément de différenciation. Nous concentrons nos efforts sur les deux derniers points : la mise en scène pédagogique et encore plus l’animation de la communauté.
Un MOOC qui marche parvient à être performant sur ces 4 dimensions, on est en train d’apprendre et de progresser. Quels outils et dispositifs développer pour accompagner et suivre les participants pendant et après le cours ?
Enfin, au-delà de nos propres initiatives, on voit bien que la question de l’éditorialisation devient prégnante. Avec la multiplication des contenus il devient crucial de permettre aux individus de s’orienter dans ces contenus, de les choisir, d’assurer une progression. Egalement, cela signifie quand on produit un contenu de le produire en relation avec les autres contenus disponibles.
Dans quelle mesure les MOOCs, qui sont gratuits, viennent-ils cannibaliser vos autres dispositifs d’enseignement ? Comment s’intègrent-ils plus globalement à vos autres dispositifs ?
Les formations que nous réalisons sont certifiantes, c’est là que nous réalisons notre activité principale. Les MOOCs sont un outil de visibilité et de communication important mais ne viennent pas concurrencer directement nos autres dispositifs.
D’autre part, comme je l’ai dit précédemment, nous pourrions même développer une nouvelle activité autour des MOOCs.
La question qui nous anime est celle de la convergence. Les MOOCs sont un outil parmi d’autres et notre question est de parvenir à donner une cohérence entre ces différents outils, qu’ils se soutiennent, qu’ils contribuent les uns aux autres. Le risque est de juxtaposer des dispositifs qui ne dialoguent pas. A titre d’exemple nous avons également investi des ressources importantes dans les « serious games » et nous avons à cœur de synchroniser nos actions sur les MOOCs et les « serious games ».
Enfin, ces nouvelles initiatives nous permettent de dialoguer avec de nouveaux acteurs avec lesquels nous n’étions pas en interaction, en France comme à l’international. Cette dynamique d’ouverture et de partenariat déteint sur nos activités historiques et c’est aussi un apport important de ces nouvelles initiatives, ouvrir encore un peu plus notre institution sur l’extérieur.
Prochains événements Open expérience : le 17 juin autour des sciences, le 24 juin autour du manufacturing et le 30 juin sur les data.